« La dangerosité d’un chien n’est pas liée à sa catégorisation génétique »
- Par association-astonrott
- Le 09/08/2011
- 3 commentaires
Ancien sénateur du Haut-Rhin ayant été en charge du suivi de la loi sur les chiens dits « dangereux », Jacques Muller, à l’origine de la création d’un Observatoire national du comportement canin, votée par le Sénat mais supprimée par le gouvernement, réagit après des accidents graves causés par des chiens.
Pour Jacques Muller, il faut une politique active de prévention des risques.
« En une dizaine de jours de juillet, les morsures de chien ont fait deux victimes, grièvement blessées. Comme d’habitude, il ne s’agit pas de chiens catégorisés « dangereux », les accidents ont eu lieu dans le milieu familial ; ce sont des enfants qui sont concernés. A quand le prochain ?
En effet la loi promulguée le 21 juin 2008 relève du cautère sur une jambe de bois. Une fois de plus, selon le principe bien connu posé par le président de la République Nicolas Sarkozy « un fait-divers/une loi », le gouvernement avait déposé un « projet de loi renforçant les mesures de prévention et de protection des personnes contre les chiens dangereux » : la morsure d’un enfant par un pit-bull appartenant à un jeune adulte zonant au pied d’un immeuble devenait le prétexte d’un projet législatif reposant sur une double stigmatisation : celle — classique — des jeunes des cités, et celle – plus originale — des chiens et de leur propriétaires via la génétique.
La quasi-totalité des accidents surviennent dans le milieu familial.
Si la première est aussi insupportable politiquement que contre-productive sociétalement, la seconde ne repose sur aucune considération scientifique. Toutes les études disponibles en montrent que la dangerosité d’un chien n’est pas liée à sa catégorisation génétique : 93 % des agressions et 75 des morsures mortelles sont le fait d’animaux n’appartenant pas aux catégories génétiques visées par la loi et la quasi-totalité des accidents surviennent non pas sur la place publique mais dans le milieu familial.
Tous les experts auditionnés dans le cadre de la préparation du débat en séance convergent pour dire que la dangerosité d’un chien n’a rien à voir avec la génétique… même si cette vision est intellectuellement rassurante.
Tout chien est susceptible de mordre. Il n’est ni un jouet en peluche, ni un succédané d’enfant ou de conjoint. C’est un animal, mal connu du grand public, et qui vit en meute… dans la famille.
En ciblant les catégories de chien 1 et 2 – et leurs propriétaires – le projet de loi déposé par le gouvernement était tout simplement hors sujet, rigoureusement incapable d’apporter une réponse crédible aux morsures de chiens dont les conséquences peuvent être dramatiques.
Pourtant reconnu par les professionnels
Une fois n’est pas coutume, lors de la discussion en séance publique, j’ai eu la satisfaction de bénéficier du soutien unanime du Sénat pour imposer au gouvernement représenté par la Ministre de l’Intérieur de l’époque Alliot-Marie la création d’un « Observatoire national du comportement canin », pilier d’une politique active de prévention des risques.
Il visait à rassembler et traiter l’ensemble des données pour l’instant éparses portant sur les circonstances précises des accidents, dans le but de coordonner des campagnes nationales de sensibilisation/éducation des enfants et de leurs familles via les écoles et de formation des maîtres à la problématique du chien.
Tous les pays qui ont su faire baisser le nombre de victimes de morsures de chien, notamment l’Allemagne, le Canada, les Etats-Unis, la Suisse ont fait ainsi de la prévention à grande échelle.
Trois ans après la promulgation de la loi le 21 juin 2008, le décret d’application visant à créer l’Observatoire n’était toujours pas sorti…
Pire, un décret du 28 juin 2011 est venu abroger l’article 1 instituant la création de « l’Observatoire du comportement canin » pourtant reconnu par les professionnels comme la seule véritable avancée sur le sujet !
En matière d’accidents graves par morsures de chiens pouvant entraîner des séquelles à vie, voire la mort, le plus souvent d’enfants, la détestable politique d’affichage qui prévaut dans bien des domaines laisse perdurer le carnage. »
J.M.
(*)ancien sénateur Europe Ecologie Les Verts,
Article de presse du 09/08/2011 , dernières nouvelles d' Alsace
Commentaires
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- 1. chien Le 29/08/2011
Entierement d'accord moi aussi. Il faut toujours se méfier d'un chien, peu importe sa race.
Jessica -
- 2. matlee Le 22/08/2011
Tout à fait d'accord, la génétique n'a rien à voir avec la dangerosité d'un chien. -
- 3. Le 15/08/2011
Rien à ajouter entièrement d'accord
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