C'est quand qu'on va où ?
- Par association-astonrott
- Le 07/08/2012
- Dans Le Pitbull démuselé
- 2 commentaires
C’est quand qu’on va où ?
Tout le monde m’appelle "Max" mais mon vrai nom, c’est "Tabou". Un nom qui sonne bien pour un chien comme moi : né rottweiler et désigné "dangereux" dans un écrit que je titrerais volontiers "Apologie de la pensée désirée" et que les bipèdes nomment ordinairement "Loi de catégorisation". L'une des plus grossières farces du XX ième siècle finissant !
Loup y es-tu ? M’entends-tu ? Me vois-tu ?
Nous n’irons plus au bois …
Justement, parlons-en, du bois ! Comme la grande majorité de mes congénères, je suis un chien citadin. Alors les promenades hygiéniques autour du pâté de maisons ou dans le jardin public du coin : je connais.
Déjà, déambuler au bout de 30 centimètres de corde, c’est "mortel ennnui, me voici" : exit l'"ambiance psychédélique assurée" et bonjour la garantie d’avoir des fourmis dans les pattes dès les premiers cents mètres. Mais avec, en prime, ce truc grotesque et incommode autour de la gueule, c’est carrément l’apothéose. Dans un accoutrement pareil, comment pouvez-vous espérer vous faire des potes, travailler votre entregent ? Encore heureux quand un tocard mal embouché ne profite pas lâchement de mon "désavantage " pour essayer de me trouer un jarret en passant ! Alors, en mon for intérieur, je rase les murs et n’ai qu’une hâte : retrouver la sécurité des miens. Ma perfide envie de folâtrer remballée, je rentre, la gambade en berne, avec la satisfaction de qui s’est honorablement vidé la vessie ... avec des rêves de batifolage plein la tête et une énergie pire qu’intacte, mille fois décuplée par ce bol de grand air et toutes les flagrances venues chatouiller mon si sensible odorat. Vive les joies de la promenade en uniforme de "croqueur d’enfants" !
Mais aujourd’hui, il semble que quelque chose d’intéressant se prépare : chaleureusement invité à "aller chercher ma balle", je ne me suis pas fait prier et me voilà fin prêt pour la suite des réjouissances. Un air de liberté et une promesse de salutaire débauche flottent dans la chaumière. L’objet rond de mes délices ludiques en gueule, je le mâchouille distraitement, histoire de m'échauffer un brin, et je guette du coin de l’œil le moindre signe annonciateur du départ. Mais il est décidément trop long à venir, toutes ces tergiversations ne sont pas de bon augure et commencent à m’inquiéter sérieusement. Je ne voudrais pas qu’ "on" me refasse le coup de la dernière fois : une heure de voiture, un vaillant orage à l’arrivée et retour case départ un quart d'heure plus tard.
Alors, bon sang, tu te décides ? C’est quand qu’on va où ?
Commentaires
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- 1. Spide Le 20/09/2018
Bravo pour cette jolie prose qui décrit parfaitement la galère dans laquelle se trouvent les chiens catégorisés qui ont besoin de courir à l'air libre (sans la ridicule muselière et laisse), et leurs maitres. Je passe mon temps à tenter de trouver des endroits où promener mon chien en toute liberté pour lui permettre de s'amuser sans être tenu constamment en laisse, et vous avoues que sur les Ulis (91) le Maire ne s'en soucie pas du tout. Par contre, il met beaucoup d'energie à envoyer des arrêtés municipaux demandant régulièrement aux détenteurs de chiens catégorisés de présenter tous les papiers requis pas l'inutile loi de 1999. Bref, c'est bien triste cette vision étriquée de la France, quand nos voisins européens ont déjà abandonnés ce type de loi car ils ont bien compris qu'un chien reste un chien peu importe sa race. D'autant plus que les American Staff qui font partie de cette catégorie sont les plus adorables et les plus affecteux qui existent. -
- 2. AnimalArtt Le 10/08/2012
Formidable "témoignage" car c'est malheureusement, bien souvent, la triste réalité pour ces chiens qui ont tant de vitalité et de potentiel !
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