Chien de sécu ...

Pour travailler dans le domaine de la sécurité, il faut désormais justifier d'une qualification, acquise soit par le biais d'une VAE, soit à travers une formation plus longue. Ces dispositions, venues réglementer un métier qui manquait cruellement de "cadre légal", sont destinées à garantir la compétence des agents et la performance de leurs chiens, de manière à conférer à la profession le crédit qui lui faisait défaut.

Notre "chien de sécu" préféré a tenu à vous conter ses tribulations :

Mes amis, je vous l'avoue sans détour : je me suis lamentablement "vautré" le jour de l'examen ; quand j'ai vu l'homme d'attaque, allez savoir ce qui m'a toqué ! le trac ? la panique ? un vieux "coup de pompe" ? Bref : je n'ai pas mordu comme le devoir l'exige. Le responsable du jury ne m'a pas raté, il n'a pas mâché ses mots à mon maître : un "bon à rien", qu'il a dit, rien de moins. Je devrais graver dans ma muselière ce que, goguenard, ce critique impénitent a cru devoir ajouter, en prime : "Il sera certainement un bon chien de canapé ... c'est du rott !!!" Le bougre, ai-je songé, s'il savait que je serais prêt à donner ma vie pour mon maître !

Là, mes amis, permettez-moi un petit aparté, parce qu'il y a une chose que vous devez absolument savoir : quand mes collègues, après le boulot, sont poussés sans ménagement dans un chenil ou une vari-kennel, moi, je regagne joyeusement mes pénates, où m'attendent câlins et autres petites et grandes marques d'attention. Je vis dans une vraie maison, bien au chaud au sein d'une famille qui me choie et qui m'aime comme je l'aime.

Mais revenons à nos moutons ! Ce fichu jour d'examen, le pire des camouflets que j'ai eu à subir, hors ma mémorable déconfiture et le vilipendage du jury, ce fut bien le spectacle des maîtres de malinois se tapant sur le ventre :  "c'est bien connu, le malinois, il y a que ça de vrai : lui, il ne fait pas semblant de mordre !!!" Ah ! mes amis, quelle humiliation ...  

Dans la voiture qui nous ramenait à la maison, je ne pouvais m'empêcher de gamberger : si je ne suis "pas apte au travail", comme il a dit, l'autre, à quoi vais-je servir à mon maître ? Mon maître, je le sentais triste, très triste, mais pas fâché pour un sou ... et, tout à coup, j'ai senti ce fil, ténu et pourtant indestructible, ce lien invisible mais si fort qui m'unit à lui, et j'ai su que rien n'était perdu.  

De retour à la maison, ses reproches, je les aurais acceptés de bonne grâce, mais il ne m'en a pas fait. Longtemps, ce soir-là, nous sommes restés seuls à nous regarder en silence et, dans ses yeux, j'ai lu une promesse : il ne baisserait pas les bras, il allait m'aider et nous allions gagner. Ensemble ! Sinon, il changerait de travail ... Quel drôle de maître j'ai : il ne veut que moi, son rottweiler ; un vrai "mordu" de ma trogne et de ma race, celui-ci !! Circulez les malinois, y'a rien à voir ... 

Rassuré, donc, je l'étais. Mais je sentais bien que ce n'était là que "partie remise", comme on dit.

Mon maître s'est mis en quête d'un éducateur acceptant de "travailler" un rott. Question de le trouver, il l'a trouvé, mais pas vraiment au bout du jardin ! Attention, les amis : 3 heures de route, 1 fois par semaine et ce pendant plus d'un an ! Si ça n'est pas la plus belle preuve d'amour ... 

J'ai tout de suite senti que je ne pouvais pas me permettre le luxe de me louper, cette fois. 

Par chance, cet éducateur du diable Vauvert me plaisait bien : j'avais le feeling, si vous préférez ...

Peu à peu, j'ai repris confiance en moi. Mais il a fallu mettre le compteur à zéro et tout recommencer depuis la génèse, enfin pratiquement. Mon éducateur ne m'a jamais matraqué à grands coups de poing pour me "monter en agressivité". Heureux homme ! Il m'a "fait" tout en douceur, uniquement par le jeu, en me félicitant même en cas de ratage. Et des ratages, j'en ai inscrit à mon actif, croyez-moi.

Une sacrée paire de bonhommes, mon maître et mon éducateur ! Pas étonnant qu'au fil des rencontres une belle amitié se soit tissée entre nous trois.

Ce travail de longue haleine a fini par payer. Plus l'ombre d'une appréhension devant l'homme d'attaque : maintenant, au premier ordre, je fonce !!!

Le renforcement de ma machoire et de ma musculature m'ont rendu "professionnellement" plus efficace et j'ai conservé ce magnifique équilibre mental qui constitue ma véritable force.

D'ailleurs, combien de fois mon éducateur n'a-t-il pas vanté ma sociabilité à certains de ses clients, réticents à m'approcher parce que je suis un rott et que je "fais du mordant". Ah ! mes amis, comme les préjugés ont la vie dure ! Moi, je m'en moque : ce qui m'importe, c'est la fierté qui illumine les yeux de mon maître grâce à mon travail, mon attitude exemplaire et cette facilité que j'ai, je le confesse sans forfanterie, à me faire aimer.  

Bon, vous l'avez deviné, je l'ai décroché ce maudit examen, et haut la ... patte, s'il vous plaît ! Voilà, je suis officiellement reconnu "capable" de travailler avec mon maître.

Merci à mon éducateur, dont la compétence, la patience et l'amour des animaux, m'ont permis d'acquérir de réelles aptitudes.

Merci à mon maître, qui a tout simplement cru en moi et qui me montre tous les jours combien je suis important pour lui.

Je suis un rottweiler, je suis chien de travail et chien de famille.

Commentaires

  • régine
    • 1. régine Le 03/12/2011
    magnifique histoire , je travail aussi avec un chien hors norme m a t on dit : un briard ! dans le centre de m...e ou j ai fait ma formation on me disait : c est comme si tu choisissais de faire le 24H du mans avec une deux chevaux alors qu il existe des ferrari (malou , ba ) j ai tenu bon et il l a eu mon briard son diplome. ma plus belle vengeance c est que mon briard ils lui a collé les fesses le long d une cloture grillagée a ce "formateur". alors la je me suis dit" heureusement pour lui que je n avais qu une deux chevaux" !!!!! bravo a ceux qui osent remettre en question les prejugés !
  • Ponsat
    • 2. Ponsat Le 02/12/2011
    Mon cher ami quelle merveilleuse histoire entre le chien et le maitre mais nos chiens sont bien plus intelligent que certains le pensent et cela ne pouvait que finir comme ça un grand bravo à vous deux grosses caresses au toutou rot

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