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Vies de chien

  • Dernier hommage ...

    Mardi 24 novembre 2015, journée funeste où Aston nous a quitté.

    Nous pleurons pas seulement un chien, mais un membre de notre famille.Il fût un merveilleux compagnon , sociable, équilibré, et nous a apporté tellement de joie et de bonheur.

    D'habitude si causante , aujourd'hui je suis incapable  d' aligner  les mots.Nous sommes dévastés par cette perte, et mon époux davantage.

    Christophe et Aston  avaient une relation fusionnelle et  exceptionnelle . Ensemble aussi bien dans la vie que dans le travail, l'un étant rarement loin de l'autre . On dit que les chiens n'ont qu'un maître et c'est vrai Aston vouait une adoration pour le sien et celui-ci  le lui  rendait bien.
    Jusqu'au dernièr moment Aston a voulu protéger son maître , et dans un dernier acte d'amour, et ce malgré la douleur , il s'est mis  sur le dos pour montrer qu'il était heureux, qu'il devait partir. Aston  a  léché le visage  en larmes de son patron, a posé sa tête dans son cou et  s'est éteint tranquillement et sereinement.

    Maintenant nous allons devoir faire le deuil de cet être UNIQUE, qui restera dans nos coeurs et mémoires à jamais.
    Je terminerai  par les mots de son maître, Christophe :

    "Le temps s'est arrêté pour moi aujourd'hui.

    Mon ami, mon frère, mon compagnon de joie, de douleurs et de tristesse, celui qui a partagé mes 9 plus belles années de ma vie, s'en est allé aujourd'hui.

    Jamais je ne trouverai de mots assez forts pour vous dire qu'il était tout pour moi, car il était TOUT. Un être exceptionnel surtout.

    Je ne regrette rien de tout ce temps partagé ensemble, tout ce qu'il m'a donné et apporté.

    Ce fut juste trop court, beaucoup trop court.

    Mon ASTON,mon trésor,

    Tu resteras à jamais dans mon coeur"

     

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  • Il est temps......

                          Il est temps......

    Vous saviez en me prenant chez vous que le temps m'était compté,et vous avez tout fait pour que ces derniers moments soient les meilleurs de ma vie.
    Mon corps de 11 ans ne me traîne plus, vous êtes obligés de me porter et moi en guise de remerciement, je vous montre les dents. 
    Pardonnez moi, j'ai tellement mal!
    Je reste dans ma panière toute la journée,avec l'odeur  sur moi du gilet de ma maîtresse.
    Je me sens si fatiguée!!
    Ce matin, les visages sont crispés,le moment des adieux est arrivé.
    On me dépose sur cette table froide, je tremble,ah, voilà tes bras,ma maîtresse,qui m'enveloppent pour me rassurer,et sur ma tête les douces caresses de mon maître.
    Je sens la piqûre, et toi qui me parle et qui me regarde.
    Je sais que tu ne vas pas pleurer pour le moment car tu veux que je partes paisiblement.
    La gorge est serrée,les yeux embués et pourtant tu continues de me répéter,
    combien tu m'as aimé, combien je vais te manquer,et que maintenant, je vais enfin pouvoir  me reposer.
    J'entends ta voix si loin, comme un murmure, enfin la mort vient me chercher.
    Il était temps, j'étais si épuisée....

     

    Texte d' ASTONROTT

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  • Plongée dans le bleu

    J'ai le dos tourné à la table d'examen. Je chipote mes flacons et mes seringues, sur mon plan de travail.

    - Mais vous, ça ne vous fait pas mal de faire ça ?

    J'ai soudainement une poussière dans l'œil, lorsqu'elle brise ainsi ma fragile carapace. Une grosse.

    Je chasse la bulle de la seringue pour me donner une contenance. Professionnel. Caché derrière mon aiguille.

    Je croasse. Me reprends en me raclant la gorge.

    - Si, madame La Prune. Ça me fait mal.
    - C'est le bon moment, hein ?
    - C'est le bon moment.

    Ma voix n'a pas du tout l'assurance que je voudrais. Pas parce que je ne suis pas sûr de moi.

    - Il va s'endormir, c'est ça ? Ça ne fait pas mal ?

    Elle soutient la tête de son chien. Sa main droite est posée sur son thorax, soulignant sa respiration.

    - Non. C'est une anesthésie. Ça ne fait pas mal. Il va s'endormir. En dix secondes.

    Et sa tête se fait plus lourde sur sa main gauche. Et sa main droite bouge moins vite sur son thorax. Machinalement, je compte jusqu'à dix, et lui ôte les longs poils qui se sont glissés dans sa bouche, entre ses babines. Lui peigne sa moustache entre mes doigts. Place naturellement ma main à la place de la sienne lorsqu'elle la retire pour se moucher. Sa tête pèse de tout son poids sur ma main.

    Je le caresse en silence en lui injectant l'euthanasique. Le liquide court dans la tubulure de la perfusion, et madame La Prune cherche avec une douloureuse habitude le battement cardiaque, qui court à toute vitesse vers l'imperceptible. Et s'éteint.

    Encore une fois, je me suis concentré sur ces derniers battements, ce rythme de mort, doux et fascinant. Isolé avec mon stéthoscope, accompagnant la plongée vers le néant.

    Pourquoi ai-je toujours cette même sensation que lorsque je plonge, juste après le check-up surface, lors de la descente "dans le bleu" ? Dans le bleu parce qu'on ne voit pas le fond, parce qu'il n'y a que... le bleu, sans nuance, infini et indéfini, inconnu et rassurant, confortable et affolant.

    Elle me regarde lorsque je le couche dans un carton.
    Sourit lorsque je m'excuse de le coucher en boule.

    Me répond qu'il ne prenait pas plus de place que cela lorsqu'il dormait à côté d'elle devant la télé.

     

    Par Boule de fourrure vétérinaire

    http://www.boulesdefourrure.fr/index.php?post/2011/01/08/Plong%C3%A9e-dans-le-bleu

  • Le dogfighting

     

    Introduction: 

    Les combats de chiens sont un phénomène organisé par une criminalité souterraine qui mérite un examen beaucoup plus juridique que politique.

    Ce « sport » est maintenant interdit aux États Unis. Malgré cette interdiction absolue , elle a atteint des proportions épidémiques dans toutes les communautés urbaines et continue aussi de prospérer dans les nombreuses zones rurales.

    La conscience collective américaine a longtemps été écartée par la brutalité indiscutable de la culture des combats de chiens , et de ce fait, la loi a été laxiste dans l'appréciation de l'étendue et de la gravité du phénomène.

    Les communautés qui ont été moralement, socialement et culturellement marquées par la propagation des combats de chiens ont payé cher l'apathie de la communauté , juridiquement.

    Dés l'âge précoce , les enfants sont régulièrement exposés à la violence inhérente aux combats de chien, ils sont conditionnés à croire que cette violence est normale, ils sont insensibles à la souffrance et finalement ils deviennent eux mêmes criminalisés.

    Même les policiers les plus aguerris sont constamment consternés par toutes les atrocités faites au niveau des combats de chiens.

    Les combattants de chiens appelés "dogfighters" sont des criminels violents qui se livrent à une multitude d'activités criminelles. Beaucoup sont dans le crime organisé, le racket, le trafic de médicament, etc....

    Ils organisent et assistent à des combats de chiens en réunion, pour le jeu et le trafic de drogue.

    Dans la dernière décennie, les autorités policières et les responsables gouvernementaux sont devenus conscients de cette "culture clandestine" des combats de chiens et de son lien avec d'autres crimes.

    De nombreuses personnes continuent à nier l'existence ou l'étendue des combats aux USA en arguant que ce sont des cas isolés, mais il est difficile aujourd'hui de défendre une telle notion archaïque face à des preuves accablantes.

     

    Les chiens: 

    Aux États Unis, il existe plusieurs races de combats qui sont génétiquement appelés « pit bulls ». L'American Kennel Club ne reconnaît pas les pitbulls mais enregistre des races telles que l'american staffordshire terrier, le staffordshire bull terrier , le bull terier et le bulldog.

    Le United Kennel Club, l'association American Dog Breeders et le National Kennel Club , reconnaissent l'american pitbull terrier comme une race unique , tout à fait distincte des races précitées.

    La grande majorité des chiens de combat appelés pitbull ont tendance à être un amalgame de différentes races. Peu importe  le titre officiel, ces chiens sont sans doute les plus loyaux et pourtant les plus maltraités de tous les chiens dans la culture américaine.

    Ils ont été sélectivement « élevés » comme chiens de combat en raison de leur capacité unique à se battre jusqu'à la mort. Les chiens puissants sont génétiquement prédisposés à infliger le maximum de dégâts sur un adversaire et une fois incités ne répondent pas aux signaux naturels pour cesser les combats.

    Généralement, les pitbulls sont remarquablement doux et sont farouchement loyaux aux hommes. Cette qualité rend particulièrement attrayante l'intérêt des "dogfighters" pour ces chiens, parce qu'ils résistent à des abus considérables, et à diverses négligences entres les mains de leurs propriétaires, mais ils resteront fidèles et non agressifs envers les humains. Cependant, comme toutes créatures vivantes, ces chiens ont un seuil de tolérance élevé mais à ne pas dépasser, sinon une fois celui-ci franchit , ils peuvent se montrer agressifs envers les humains.

    La popularité grandissante pour d'autres races comme le bullmastiff ou le presa canario, qui sont des races plus grandes que le pitbull, devrait dans l'avenir causer de sérieux problèmes.

    Dans certaines zones urbaines , ces races sont croisées avec des pitbulls, afin de créer des chiens de combat plus grands et surtout plus féroces. Malheureusement, ces races ne partagent pas le même comportement "maléable" du pitbull , et une fois formés à être agressifs, ils pourraient causer des dommages graves à la fois aux humains mais aussi aux animaux.

     

    L'Histoire du dogfighting: 

    Les chiens ont été les victimes involontaires, exploités pour les combats , depuis l'antiquité romaine, où ils se sont battus contre d'autres animaux dans le Colisée. La pratique consistant à opposer les chiens à des taureaux, des ours , s'est poursuivie jusqu'à l'époque médiévale en Angleterre où en 1835 le parlement par le biais d'une loi de protection des animaux interdira cette pratique.

    C'est à cette époque, que  les combats dits" modernes" sont nés,que l'on a assisté au dévellopement de la race Staffordshire bull terrier.

    Le chien a été introduit aux États- Unis en 1817, date à laquelle la pratique des combats de chiens est entrée dans la culture américaine.

    C'est dans les années 1860, que les combats de chiens sont devenus illégaux dans la plupart des états, mais ils ont continué à prospérer comme « passe temps » jusqu'au début du 20ème siècle. Cette pratique était devenue tellement populaire qu'en 1881 l'Ohio et le chemin de fer du Mississippi annoncèrent des tarifs spéciaux pour faire voyager des chiens de combat . Cette culture sadique est d'ailleurs immortalisée dans les annales de l'histoire américaine et de son folklore.

    En 1976, les combats ont été interdits, et malgré la loi en vigueur, il n'y a pas eu une attention sérieuse apportée dans son application jusqu'à très récemment.

    Aujourd'hui, les combats de chiens sont considérés comme un crime dans 48 états ainsi qu'en Colombie, aux îles vierges et à Porto Rico.

    L'« Human Society» des États-Unis estime qu'il y a au moins 40 000 dodfighters dans leur pays, en sous-estimant la contagion des combats de rues dans les zones urbaines.

    Dans les zones rurales, les combats sont organisés dans les granges ou dans des fosses en plein air.

    Dans les zones urbaines, les combats sont organisés dans les caves, les garages, les entrepôts ou bâtiments désaffectés.

    En 2003, la ville de Chicago a répondu à elle seule à 1903 plaintes sur les combats d'animaux.

    Ils sont devenus très populaire en Europe de l'est , où la mafia russe a découvert le potentiel lucratif de ces combats de chiens.

    Un article de 1999, retraçant la montée des combats de chiens en Russie souligne sa popularité parmi les « nouveaux Russes ». Les combats ont lieu en public et pour beaucoup  sont considérés comme des événements "familiaux".

    «Nous ne devons pas cacher ces massacres à nos enfants, la vie est une bataille et ils doivent s'habituer à elle» expliquait un père qui emmenait sa fille de 5 ans voir régulièrement les combats de chiens.

    Preuve de ce «succès» , les combats ont été recensés dans nombreux pays, Angleterre, Afghanistan, Afrique du Sud, Canada, Australie, Italie etc...

    Au Honduras et au Japon , ces combats sont maintenant légaux ,auparavant, ils avaient été sanctionnés pendant des siècles par les chefs militaires et les aristocrates.

    Bien que la pratique des combats de chiens soit interdite dans plusieurs pays,leur prolifération aux États-Unis et dans le reste du monde ne cesse de croître.

     

    La Sociologie du dogfighting:

     Il est extrêmement difficile en dehors des dogfighters eux mêmes, de justifier les combats de chiens.

    Les représentants de la loi qui pénètrent dans la sous-culture clandestine sont régulièrement écœurés par la violence des combats de chiens. La culture américaine a criminalisé ceux-ci et stigmatise ces déviants en luttant contre.

    La conscience collective américaine rejette les combats de chiens et la méprise autant que les agresseurs d'enfants.

    Une étude publiée dans « la société et les animaux » a essayé de montrer la psychologie des dogfighters et leur perversité incontestable. Selon cette étude, il existe cinq techniques que le dogfighter emploie pour justifier les combats de chiens.

     

    1. le déni de la victime: ces personne rejettent catégoriquement le fait que leurs chiens soient des victimes de la culture des combats de chien.

    2. Le refus de responsabilité: les combats de chiens sont dépeints comme quelque chose qui vient naturellement chez les chiens, et qu'ils seraient nés avec une prédisposition à tuer.

    3. Le déni de la blessure: beaucoup de dogfighters affirment que leurs chiens sont bien traités avant et après les combats. De nombreux partisans argumentent que les combats ne sont pas plus violents que la boxe.

    4. Appel à une autorité supérieure: la culture des combats de chiens se perpétue en glorifiant sa propre histoire, et en vénérant les «anciens» bons combattants comme des héros.

    5. Condamnation de ceux qui condamnent: les dogfighters se considèrent souvent comme un groupe incompris , victime d'un "génocide" culturel , les combats de chiens faisant partie pour eux de leur "culture". Les dogfighters perçoivent leurs comportements comme "normaux" et essaient de dépeindre les organisations de protection animal comme des groupes "extrémistes".

     Conclusion:

     Ces dernières années, les forces politiques, juridiques, et sociales ont effectuées des changements remarquables sur leurs perceptions et leurs réactions face au phénomène des combats de chiens.

    La clandestinité des combats de chiens n'est plus ignorée, et les défenseurs de l'application des lois disposent d'un arsenal juridique pour protéger les victimes, et pour prévenir l'endoctrinement des générations futures sur la culture des combats de chiens.

    Beaucoup de collectivitées locales, d'états , d'organismes nationaux ,ont mis en œuvre des groupes de travail , en utilisant les agents spéciaux, les équipes du SWAT, les agents de lutte anti- drogue, les agents de contrôle des animaux et les services sociaux.

    Du point de vue institutionnel, ces efforts conjugués ,ont permis de diminuer les combats de chien de façon significative.

    La réalité cependant, est que la société ne fait que commencer à affronter la "culture violente" des combats de chiens , et que celle-ci est ancrée dans toutes les formes de la culture américaine depuis des générations.

    Pour les victimes, les personnes et les animaux ,qui vivent dans les communautés qui sont marquées par la croissance sans entrave des combats de chiens, la situation est désespérée.

    Malgré les rapports hebdomadaires des raids sur les combats de chiens et des poursuites à l'encontre des dogfighters partout dans le pays, d'innombrables combats de chiens passent inaperçus et ne sont pas poursuivis en justice.

    Il faudra des années voir des décennies, pour que les efforts actuels pour éradiquer les combats de chiens soient  efficaces dans ces communautés.

     Les autorités n'auront de cesse de se "battre" continuellement contre une nouvelle génération d'êtres "endoctrinés" par l'enfer de la violence des combats de chiens,par plus de prévention et d'information.

     

     

    Hanna Gibson , MichiganState University College or law (2005)

    http://www.animallaw.info

  • Chien de sécu ...

    Pour travailler dans le domaine de la sécurité, il faut désormais justifier d'une qualification, acquise soit par le biais d'une VAE, soit à travers une formation plus longue. Ces dispositions, venues réglementer un métier qui manquait cruellement de "cadre légal", sont destinées à garantir la compétence des agents et la performance de leurs chiens, de manière à conférer à la profession le crédit qui lui faisait défaut.

    Notre "chien de sécu" préféré a tenu à vous conter ses tribulations :

    Mes amis, je vous l'avoue sans détour : je me suis lamentablement "vautré" le jour de l'examen ; quand j'ai vu l'homme d'attaque, allez savoir ce qui m'a toqué ! le trac ? la panique ? un vieux "coup de pompe" ? Bref : je n'ai pas mordu comme le devoir l'exige. Le responsable du jury ne m'a pas raté, il n'a pas mâché ses mots à mon maître : un "bon à rien", qu'il a dit, rien de moins. Je devrais graver dans ma muselière ce que, goguenard, ce critique impénitent a cru devoir ajouter, en prime : "Il sera certainement un bon chien de canapé ... c'est du rott !!!" Le bougre, ai-je songé, s'il savait que je serais prêt à donner ma vie pour mon maître !

    Là, mes amis, permettez-moi un petit aparté, parce qu'il y a une chose que vous devez absolument savoir : quand mes collègues, après le boulot, sont poussés sans ménagement dans un chenil ou une vari-kennel, moi, je regagne joyeusement mes pénates, où m'attendent câlins et autres petites et grandes marques d'attention. Je vis dans une vraie maison, bien au chaud au sein d'une famille qui me choie et qui m'aime comme je l'aime.

    Mais revenons à nos moutons ! Ce fichu jour d'examen, le pire des camouflets que j'ai eu à subir, hors ma mémorable déconfiture et le vilipendage du jury, ce fut bien le spectacle des maîtres de malinois se tapant sur le ventre :  "c'est bien connu, le malinois, il y a que ça de vrai : lui, il ne fait pas semblant de mordre !!!" Ah ! mes amis, quelle humiliation ...  

    Dans la voiture qui nous ramenait à la maison, je ne pouvais m'empêcher de gamberger : si je ne suis "pas apte au travail", comme il a dit, l'autre, à quoi vais-je servir à mon maître ? Mon maître, je le sentais triste, très triste, mais pas fâché pour un sou ... et, tout à coup, j'ai senti ce fil, ténu et pourtant indestructible, ce lien invisible mais si fort qui m'unit à lui, et j'ai su que rien n'était perdu.  

    De retour à la maison, ses reproches, je les aurais acceptés de bonne grâce, mais il ne m'en a pas fait. Longtemps, ce soir-là, nous sommes restés seuls à nous regarder en silence et, dans ses yeux, j'ai lu une promesse : il ne baisserait pas les bras, il allait m'aider et nous allions gagner. Ensemble ! Sinon, il changerait de travail ... Quel drôle de maître j'ai : il ne veut que moi, son rottweiler ; un vrai "mordu" de ma trogne et de ma race, celui-ci !! Circulez les malinois, y'a rien à voir ... 

    Rassuré, donc, je l'étais. Mais je sentais bien que ce n'était là que "partie remise", comme on dit.

    Mon maître s'est mis en quête d'un éducateur acceptant de "travailler" un rott. Question de le trouver, il l'a trouvé, mais pas vraiment au bout du jardin ! Attention, les amis : 3 heures de route, 1 fois par semaine et ce pendant plus d'un an ! Si ça n'est pas la plus belle preuve d'amour ... 

    J'ai tout de suite senti que je ne pouvais pas me permettre le luxe de me louper, cette fois. 

    Par chance, cet éducateur du diable Vauvert me plaisait bien : j'avais le feeling, si vous préférez ...

    Peu à peu, j'ai repris confiance en moi. Mais il a fallu mettre le compteur à zéro et tout recommencer depuis la génèse, enfin pratiquement. Mon éducateur ne m'a jamais matraqué à grands coups de poing pour me "monter en agressivité". Heureux homme ! Il m'a "fait" tout en douceur, uniquement par le jeu, en me félicitant même en cas de ratage. Et des ratages, j'en ai inscrit à mon actif, croyez-moi.

    Une sacrée paire de bonhommes, mon maître et mon éducateur ! Pas étonnant qu'au fil des rencontres une belle amitié se soit tissée entre nous trois.

    Ce travail de longue haleine a fini par payer. Plus l'ombre d'une appréhension devant l'homme d'attaque : maintenant, au premier ordre, je fonce !!!

    Le renforcement de ma machoire et de ma musculature m'ont rendu "professionnellement" plus efficace et j'ai conservé ce magnifique équilibre mental qui constitue ma véritable force.

    D'ailleurs, combien de fois mon éducateur n'a-t-il pas vanté ma sociabilité à certains de ses clients, réticents à m'approcher parce que je suis un rott et que je "fais du mordant". Ah ! mes amis, comme les préjugés ont la vie dure ! Moi, je m'en moque : ce qui m'importe, c'est la fierté qui illumine les yeux de mon maître grâce à mon travail, mon attitude exemplaire et cette facilité que j'ai, je le confesse sans forfanterie, à me faire aimer.  

    Bon, vous l'avez deviné, je l'ai décroché ce maudit examen, et haut la ... patte, s'il vous plaît ! Voilà, je suis officiellement reconnu "capable" de travailler avec mon maître.

    Merci à mon éducateur, dont la compétence, la patience et l'amour des animaux, m'ont permis d'acquérir de réelles aptitudes.

    Merci à mon maître, qui a tout simplement cru en moi et qui me montre tous les jours combien je suis important pour lui.

    Je suis un rottweiler, je suis chien de travail et chien de famille.

  • Vies de chien

     

    A l’Ouest de l’île de Ndar, coincée entre l’océan et le fleuve, s’étend une étroite bande de sable aride sur laquelle poussent de manière sporadique quelques bosquets de filaos et où se trouve le quartier des pêcheurs de Guet-Ndar.

    Au-delà du quartier des pêcheurs commence le vaste cimetière marin de Thiaka Ndiaye dont les tombes, creusées dans un indescriptible désordre, se superposent presque jusqu’au bord de la mer. Certaines sont même si proches des flots salés qu’on a l’impression qu’elles vont être englouties d’un moment à l’autre. Prolongeant le cimetière marin se trouve un second cimetière, militaire celui-là, dans lequel sont enterrés plus d’une centaine de tirailleurs sénégalais tombés au front pendant la deuxième guerre mondiale. A quelques encablures de là, un bosquet de filaos plutôt vigoureux, poussant sur un moutonnement de dunes irrégulières balayées par le vent du large. C’est en cet endroit que s’étend mon domaine, sur ces arpents de sable fin où je règne sans partage sur une bande de chiens errants, plus ou moins faméliques mais libres et insoumis, qui se nourrissent tant bien que mal des maigres restes jetés par les gens du village voisin et qui boivent l’eau du fleuve tout proche.

    Eh bien, si vous ne l’avez pas encore deviné, je suis un chien sauvage et je vais sur mes sept ans, ce qui dans la vie d’un être humain correspond à peu près à l’âge de la maturité.

    En fait je n’ai pas toujours vécu à l’état sauvage comme à présent et l’errance n’a pas toujours été mon mode de vie. Bien au contraire même. Au cours de mes vies successives, il m’est arrivé de mener une existence confortable, douillette, au cours de laquelle je n’ai jamais eu à souffrir des affres de la faim ni des incertitudes du lendemain, comme c’est le lot de la plupart des chiens du monde, et mon quotidien était réglé comme du papier à musique. Aujourd’hui encore je me souviens de cette époque bénie avec une pointe de nostalgie et lorsque je suis couché à plat ventre en face des vagues de l’océan, les yeux mi-clos, papillotant d’étoiles face au soleil, la langue pendante, le souffle court, dans cette posture qu’affectionnent ceux de mon espèce, je me remémore avec tendresse ces visages amis qui m’ont prodigué tant de chaleur et de joie et m’ont fait connaître ce que l’on appelle dans le langage humain, le bonheur.

    Certes je n’ai pas connu que douceur et joie de vivre lorsque j’étais encore parmi les hommes et ces derniers ne sont pas tous, loin s’en faut, des modèles de bonté et de compassion. J’ose même affirmer, après ce que j’ai vécu auprès de la plupart d’entre eux, que le méchanceté est la chose la mieux partagée par cette espèce qui se croit pourtant au dessus de toutes les autres, qui se croit, on ne sait trop pourquoi, élue parmi les élus alors qu’elle est capable des pires atrocités et qu’elle est la plus destructrice qui soit. Il n’y a qu’à voir tout ce que les hommes se font entre eux et tout ce qu’ils font subir à la nature pour se convaincre qu’il s’agit vraiment d’une race malfaisante. Heureusement pour moi, le destin a fait que je sois tombé sur l’un de ces spécimen rares chez lesquels l’on peut avoir la chance de trouver de ces vertus adorables qu’à l’origine le Créateur du monde dispensa à tous les êtres humains mais que ces derniers, à cause de leur fausseté et de leur méchanceté, perdirent par la suite définitivement. En fouillant dans les tréfonds de ma mémoire, le premier visage qui me revient, parmi tous ceux que j’ai aimé de tout mon cœur de chien, c’est celui de mon maître, ce parangon de la bonté et de la générosité humaines. A chaque fois que je pense à lui, des flots de tendre affection envahissent tout mon être et mes poils se hérissent tandis que mes yeux s’humectent de larmes nostalgiques. Ces caresses me manquent de même que sa douce voix de soprano qui me faisait japper de bonheur lorsque je l’entendais m’appeler par mon nom ou qu’il me sifflait mélodieusement pour me jeter un morceau de viande ou un jarret de boeuf charnu dont je raffolais plus que tout autre chose. Parfois aussi il le tenait au bout de bras au dessus de ma tête, m’obligeant à sautiller et courir autour de lui en aboyant pour qu’il me le jette enfin. Je me prêtais volontiers à ce jeu car je savais que mon maître s’en amusait beaucoup et j’éprouvais un énorme plaisir de le voir rire aux éclats et me donner des ordres avec des inflexions enfantines dans la voix. Jamais jusqu’à mon dernier aboiement je n’oublierai cet homme qui m’a offert les plus belles années de ma vie de chien et m’a appris tant de choses que l’on ne pourrait jamais soupçonner être emmagasinées dans ma tête de canidé.

    Je l’ai déjà dit : j’aimais beaucoup mon maître qui me le payait bien en retour. Tous les matins il m’achetait de délicieux pâtés pour chien, de savoureux biscuits de la meilleure marque, des friandises de toutes sortes et il veillait à ce que mes repas me soient régulièrement servis par les domestiques de la maison.

    Je n’avais droit qu’aux caresses et aux câlins et bien évidemment il ne serait jamais venu à l’idée de personne de lever la main sur moi, sous peine d’être sévèrement réprimandé. Plus d’une boniche s’était vue renvoyée manu militari tout simplement parce qu’elle avait négligé de me donner à manger ou pire, avait osé me donner un coup de pied sournois sous prétexte que j’avais menacé de la mordre ce qui, bien sûr, n’était que mensonge car je m’étais donné comme règle d’airain de ne jamais m’attaquer à un être humain. A l’une d’entre ces employées de maison qu’il venait de renvoyer et qui, voyant qu’elle n’avait plus rien à perdre, avait répondu avec insolence qu’après tout je n’étais qu’un chien, ce dernier avait rétorqué que cela était sans doute une vérité mais qu’il était tout aussi vrai que je valais certainement mieux qu’elle dans la mesure où c’est elle qui était obligée de faire ses valises. Piquée au vif, touchée dans son amour-propre, la bonne avait tenté une dernière pique assassine : « Le chien et son maître sont de la même espèce »…Mal lui en prit ! Une gifle retentissante avait accompagné la fin de son insultant adage et mon maître l’avait mise à la porte sans ménagement et sans même lui payer son dû. Partie de la maison en sanglots, elle était néanmoins revenue le lendemain, flanquée de sa vieille grand-mère à qui mon maître, respectueux des personnes âgées, avait expliqué ce qui l’avait opposé à sa petite-fille et rapporté les vilains propos qu’elle avait tenus à son endroit. Indignée par l’outrecuidance de sa petite-fille dégénérée, la vieille femme s’était mise à pleurer et mon maître, pris de pitié, lui avait remis la paie de la bonne en guise de consolation. La pauvre vieille toute confuse, s’était confondue en excuses et en remerciements. Puis toutes deux étaient reparties, la fille devant, honteuse et renfrognée, sa grand-mère derrière, bénissant mon maître de sa voix chevrotante et louant tout autant sa bonté. Ce jour là je compris combien mon maître m’estimait et tenait à moi. Mon affection pour lui, déjà très grande, redoubla d’intensité et je me jurai de lui rester fidèle jusqu’à ma mort. Dans mon for intérieur, je ne cessai de louer Anubis, le dieu de tous les chiens (même s’il a une tête de chacal) et la providence de m’avoir favorisé en me faisant tomber sur un être humain aussi exceptionnel.

    En fait, mon maître n’était pas le premier propriétaire que j’avais eu. Il n’était même pas le second ni le troisième, mais bien le quatrième entre les mains duquel je passai et lorsque j’avais atterri chez lui presque miraculeusement (de cela je reparlerai plus tard), j’étais déjà un chien adulte et j’avais déjà vécu un certain nombre d’expériences au cours de mon existence ou plutôt, de mes trois vies antérieures car à nous autres, chiens, le bon Dieu a accordé le privilège de vivre sept vies. Eh oui ! La vie de chien n’est pas toujours drôle ni facile et l’humanité ne nous fait pas de cadeaux, pour ne pas dire qu’elle nous en fait voir de toutes les couleurs. Partout nous sommes battus, traqués, torturés, mangés même et dans l’histoire des hommes nous avons toujours été les victimes toutes désignées des pires holocaustes. Sacrifiés sans pitié sur des autels de pierre, on nous a dépecés, émasculés, arraché le cœur, les viscères et tous les organes pour en faire je ne sais quels maléfiques talismans. Noyés ou tués à coups de bâton, notre chair est servie dans des feuilles de bananier encore aujourd’hui dans certains pays du monde dont les populations raffolent de notre viande.

    Non content de tout cela, on nous accuse d’être les porteurs de toutes sortes de malheurs et maléfices et nous sommes l’objet d’une méfiance viscérale chez de nombreux peuples du monde comme par exemple ces tocards de Bouriates qui racontent que le bon Dieu avait jeté sur notre ancêtre à tous, le premier chien de la création, l’anathème suivant : « Tu souffriras toujours de la faim, tu rongeras des os, et tu mangeras les restes de la nourriture des hommes qui te roueront de coups ». Et pourtant, malgré toutes les atrocités commises sur notre espèce au fil des siècles, nous sommes restés les plus fidèles amis de ces barbares d’êtres humains…

    Par Louis Camara