Ni chien ni ours polaire dans les écoles

Les élèves les plus attentifs, dans mon école communale, étaient les cochons d'Inde. Ils passaient des heures à mastiquer leurs tables de multiplication, leurs récitations ou le nom des grands fleuves de France afin de les connaître sur le bout des doigts. La Seine, la Loire, la Dordogne, la Garonne, le Rhône, la Meuse... La Seine, la Loire, la Dordogne, la Garonne, le Rhône, la Meuse... La Seine, la Loire... Des heures à réviser en ruminant. Même pendant les récréations.

Un cran en dessous, il y avait les deux poissons, Yvan le Rouge et Jean-Marc le Rouge. Un peu amorphes au fond de leur bulle d'eau. Travail irrégulier. Pourraient mieux faire avec un peu plus de volonté. Donnent la vague impression de s'ennuyer ferme dans leur jus. Redoublement à prévoir.

Au rayon cancres, on trouvait une troupe de têtards dans un large bocal rectangulaire. Turbulents, bagarreurs, instables et incapables de se concentrer sur le moindre sujet - si ce n'est sur la grande question des robinets qui fuient dont les conséquences pouvaient avoir des effets sur leur environnement direct - ils passaient leur temps à s'agiter inutilement sans prêter aucune oreille, fût-elle en pleine croissance, à ce que pouvait bien raconter le maître.

Et puis, cerise sur le cadeau du ciel, de temps en temps, le chien déscolarisé de l'instituteur pointait son nez à la porte, et ça faisait rigoler toute la classe...

Dernièrement, sur la toile, une polémique a vu le jour sur la question de la place des animaux à l'école. Si je peux me permettre de résumer, le débat tourne autour de deux axes : l'utilité et la sécurité.

Utilité.
La présence d'animaux dans les classes - principalement à la maternelle et à l'école primaire - paraît toujours aussi utile. Pour un enfant, comprendre la nécessité de ne pas faire souffrir les animaux, par exemple, c'est utile. Comprendre qu'une peluche en forme de tortue peut se manipuler avec moins de délicatesse qu'une tortue avec de la vie dedans, c'est utile. S'émouvoir devant un animal, apprendre à l'observer, apprendre à le soigner, étudier les comportements reproducteurs... Rien que du bon. Et surtout, la présence d'un chien, d'un chat ou d'un lapin dans un groupe d'enfants crée du lien : les animaux sont de formidables intercesseurs qui favorisent les relations entre les humains.

Côté législation, fiches pédagogiques et instructions officielles, même si les recommandations commencent à dater, pas vraiment de fausse note sur le principe : le respect de la vie marche avec la connaissance du monde vivant...

Sécurité.
Côté enfants, la discussion sur les questions légitimes d'hygiène, d'allergie et de santé en général, sont à l'ordre du jour. Il semble que le travail de médecins et de vétérinaires porte ses fruits. Mais là où le bât blesse, c'est lorsque la question sensible du chien est abordée. Malgré les conseils éclairés d'éducateurs canins sur la question particulière de l'introduction de ces animaux dans un cadre scolaire, même le plus affectueux Milou reste derrière le portail. Malgré toutes les mesures de sécurité imaginables, les chiens, plus turbulents que les lapins nains mais non moins attachants, ont des difficultés à se faire admettre.

Et puisqu'on parle format et gesticulations, un mot sur le besoin d'espace. Cages, aquarium, terrarium : l'attention est attirée sur les moyens mis en œuvre pour garder en captivité ces animaux. Si peu de solutions viables ont été trouvées pour commencer un élevage de baleines à bosse à la crèche des Bisounours et si l'ours polaire ne trouve pas ses marques dans la section des CM1 de l'école élémentaire Victor Durain, il n'en demeure pas moins vrai qu'avec quelques outils appropriés et une dose adéquate de bon sens, de nombreuses expériences heureuses sont menées, ici et là. Et si, par exemple, les toutous ne passent toujours pas la grille d'entrée parce que ça bloque sec à l'académie, ne faut-il pas espérer que sous certaines strictes conditions d'accueil, les choses soient amenées à changer ? Le débat est ouvert.


Pour finir... Deux moments de plaisir :

Jacques Tati, malicieux et pince-sans-rire, parle des frasques de son chien « Hasard ». Cinq minutes de bonheur, cinq minutes à prendre. Encore faut-il les avoir devant soi. Par les temps qui courent, pas évident... Mais sait-on jamais :

Alain Lambert, malicieux et pince-sans-rire, parle des frasques de tous les autres chiens, encore et toujours déscolarisés :

http://www.preventioncanine.com/page_enfantsEducationCanine

Source: http://www.huffingtonpost.fr/dominique-resch/animaux-ecole-primaire_b_1579197.html

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